Tant de personnes avaient suivi, accompagné, soutenu notre aventure, depuis ses prémices jusqu’à notre retour, qu’il fallait bien toute une soirée pour leur dire notre gratitude ! Et quel meilleur moyen pour cela que de leur faire partager nos découvertes, nos surprises, nos joies ? Leur montrer ce que nous avions pu réaliser, grâce à tous, bien au-delà de nos propres forces et de nos seuls talents.
Rendez-vous avait donc été donné, et largement annoncé, pour le samedi 17 octobre à Pontoise. Dans une église des Louvrais comble, nous avons commencé par une messe d’action de grâce, afin de signifier que sans la force de la foi, sans la prière de tous, sans la présence constante du Seigneur à nos côtés, rien de tout cela n’aurait pu se faire. Une première lecture, effectuée également en russe par un ami moscovite, George Borisov, en visite chez nous, donna le ton d’emblée, nous rappelant les messes quotidiennes bilingues que nous avions avec la communauté catholique de l’orphelinat de Kapchagay. Puis dans son homélie d’après l’Evangile de ce 29ème dimanche, le p. Gregor a souligné combien, en nous mettant au service des plus petits et des plus délaissés, nous pouvions grandir dans notre vocation de chrétiens. Pour nous, ce furent deux années de mûrissement, de préparation, de mille et une actions entreprises afin de mener à bien ce défi, auquel toute une communauté s’est associée avec bienveillance et générosité.
C’est pourquoi il nous a fallu une longue prière universelle pour rendre grâce de toutes les merveilles suscitées par et autour de ce projet : la solidarité, l’accueil reçu au Kazakhstan, le travail accompli à l’orphelinat par le prêtre italien Massimo Ungari et les religieuses polonaises Vera et Victoria qui le dirigent, les liens d’amitié tissés ou consolidés au cours de cette aventure… Et prier pour tous ceux qui y ont eu leur place, et qui doivent affronter aujourd’hui des situations difficiles : après avoir tant reçu, comment n’aurions-nous pas à cœur de soutenir, de toutes nos forces, ceux qui nous sont devenus d’autant plus chers ?
Après le recueillement, place au récit en images.
En présence de M. Mursal-Nabi Tuyakbaev, conseiller à l’ambassade du Kazakhstan en France et précieux soutien à notre entreprise, de son épouse et des trois Français d’origine kazakhe, la soirée proprement dite débuta par un diaporama d’une vingtaine de minutes, réalisé par les jeunes d’après les photos prises par tous, permettant de revoir en images, les moments marquants de la préparation et du voyage lui-même, du plus quotidien (courses, nettoyage, lessives, siestes…) au plus insolite (excursion au Grand Canyon, visite d’Astana, transports en commun…compactés !) ; de l’effort (travaux sur une charpente) à la détente aquatique et sportive, l’un comme l’autre partagés avec les pensionnaires de l’orphelinat. D’autres photos, en noir et blanc, avaient été tirées sur papier et exposées sur les murs de l’église, révélant un vrai talent de photographe chez Pierre Benedick - un de nos lycéens. Avec la délégation franco-kazakhe était aussi venu le photographe français Arthur Dressler, pour présenter à cette occasion son album « Kazakhstan – terre d’ouverture » rassemblant les clichés pris lors de trois séjours récents au Kazakhstan. Nous avions aussi exposé quelques objets d’artisanat kazakh ramenés dans nos bagages ; plusieurs convives portaient d’ailleurs le couvre-chef traditionnel.
En 2010 le Kazakhstan assurera la présidence de l’OSCE. La soirée a été l’occasion de présenter un grand projet culturel qui permettra aux Français de découvrir la culture de ce pays. Ce projet de « Village ethnique kazakh à Paris » dirigé par Natalya Vchivtseva et Gala Suvorova présentera une reconstitution de village traditionnel kazakh en plein Paris avec une grande animation pendant une dizaine de jours autour de ses cinq yourtes.
La soirée s’est terminée autour d’un grand buffet, froid et chaud : deux grandes marmites de bortsch (soupe russe aux légumes) préparé par nos soins dans l’après-midi ; nous avons pu ainsi partager plus personnellement nos souvenirs, nos impressions, nos enthousiasmes, avec l’une ou l’autre des quelque cent cinquante personnes présentes, qui avaient tant de questions à nous poser.
Oui, cette soirée fut comme un point d’orgue à notre belle aventure… mais pas un point final !
Un long récit de tout ce projet, depuis ses origines jusqu’à son épilogue, est en cours de rédaction : de quoi satisfaire la curiosité de tous, et enrichir notre témoignage de nombreux détails et d’une mise en perspective que permet le temps non mesuré de l’écrit.
Par ailleurs, les liens demeurent avec l’orphelinat, et nous explorons actuellement diverses pistes pour continuer à le soutenir d’une autre manière, par exemple en aidant les plus âgés des pensionnaires dans leur formation et leur insertion professionnelle. Et puis, la réussite nous a aussi donné le goût du défi : à peine rentrés, il est déjà question de repartir !
En tout cas, cette expérience nous aura tous profondément changés, et elle aura peut-être bientôt des incidences heureuses sur la vie concrète de quelques uns, ici ou là-bas.
Nous espérons enfin que notre exemple encouragera d’autres jeunes à l’audace pour des causes généreuses, et qu’il aura montré à tous les adultes qu’on peut, qu’on doit faire confiance à ces grands adolescents, pour ne pas étouffer les trésors que recèle chacun d’eux.
Delphine Bencic et P.Gregor Prichodko
Oct. 2009